Belle réussite que ce 3e Forum Axe Seine, qui s’est tenu le 4 décembre 2024 à bord de la péniche Le Boréas sur le port de Gennevilliers. Avec plus de 150 participants, dans un cadre portuaire exceptionnel, cet événement a réuni des acteurs majeurs du territoire et permis d’aller au fond des débats.
Tout à tour, ont pris la parole pour une confrontation de points de vue et d’idées, élus, experts, syndicalistes, dirigeants d’entreprises. Parmi les élus : Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, Denis Öztorun, maire de Bonneuil-sur-Marne (94), Yann Perron, maire de Gargenville (78) et vice-président de la communauté d’agglomération Grand Paris Seine et Oise (GPSEO), Michel Lebouc, maire de Magnanville (78), Jean-Michel Genestier, maire du Raincy (93) et conseiller métropolitain, Bruno Lacroix, adjoint au maire de Fleury-les-Aubrais (45) et syndicaliste CGT administrateur de la SNCF. Le Forum a été l’occasion pour le préfet Pascal Sanjuan, délégué interministériel à l’Axe Seine de faire le point sur l’action de l’État dans ce domaine et à Christophe Berthelin, directeur général et président du directoire de Haropa Port par intérim, de mesurer le chemin parcouru depuis le lancement d’Haropa en 2021.
Les débats ont été en prise directe avec la réalité portuaire et les enjeux climatiques et ont réaffirmé une ferme volonté de voir les choses avancer. Les intervenants ont évoqué la relocalisation des industries à l’heure où l’activité industrielle continue de souffrir en vallée de Seine, avec des menaces sur l’industrie automobile et ses équipementiers, sur les projets de développement d’hydrogène ainsi que sur le site d’Exxon mobile à Port-Jérôme avec l’annonce de la fin des activités chimie et plus de 600 suppressions d’emplois. Toutefois, des activités continuent de performer comme la pharmacie et l’aéronautique, ou encore l’assemblage d’éoliennes.
L’Axe Seine peut également renouer avec sa vocation d’accueil de centres de production d’énergies comme le programme de biomasse sur le port de Gennevilliers, illustré par l’intervention de Sébastien Petihuguenin, PDG de Paprec énergie, opérateur du projet pour le compte du Syctom. De même, dans l’agglomération de Rouen, le Smédar, représenté par le directeur de cabinet Stéphane Caron, travaille sur la récupération de la chaleur fatale de son usine Vesta pour la mettre à disposition des besoins.
On a beaucoup parlé du développement du transport fluvial et du multimodal, du projet Ikéa lancé à Limay jusqu’au port multimodal de Bonneuil. Sans oublier le recours massifié au ferroviaire avec des infrastructures dignes de ce nom, notamment entre Paris et la Normandie. Enfin, soucieux de l’économie du foncier, à l’image d’Erwan Lemeur, président de la Communauté portuaire Seine Aval les intervenants ont débattu de la question de la densification des implantations et de l’écologie industrielle. L’action du port de Gennevilliers a été présentée en détail, par Gildas Monjoin directeur de la communauté portuaire. L’occasion aussi d’échanger sur l’opportunité du projet Greendock sur le port de Gennevilliers questionné par des associations de riverains, mais défendu par Haropa port et la ville de Gennevilliers comme un outil indispensable à la décarbonation du transport et au développement du mode fluvial. Ce qui a permis à Antoine Berbain, Directeur général délégué d’Haropa d’expliquer comment le port, aménageur public, identifie et choisit les projets industriels à implanter avec l’intérêt général et local pour boussole.
Pour répondre à ces enjeux, la question de la gouvernance de l’Axe Seine est cruciale comme l’a souligné Arnaud Brennetot, géographe, directeur de département de Géographie à l’Université de Rouen qui a rappelé le besoin de mettre en œuvre une gouvernance puissante de l’Axe Seine, qui soit en mesure de construire les infrastructures nécessaires en réalisant les arbitrages indispensables à l’intérêt général, notamment sur la question de la Ligne nouvelle Paris-Normandie. Au-delà des points de vue différents, un consensus émerge sur la nécessité d’une intervention forte de l’État pour reprendre la main sur l’aménagement du territoire de manière volontariste et mettre en œuvre le schéma stratégique pour le développement de la Vallée de la Seine, garant de l’intérêt général et de l’intérêt du fleuve dans toutes ses dimensions : naturelle, écologique, économique, touristique, logistique…
Un compte rendu détaillé des échanges sera publié dans un numéro hors série de l’Inspiration politique. Cette publication viendra illustrer la dynamique collective et la volonté commune d’avancer sur les projets structurants pour l’Axe Seine.