Une (r)évolution permanente

Depuis le néolithique au moins, les hommes se sont installés au bord du fleuve, moyen privilégié de communication offrant l’accès à l’eau et aux terres fertiles. Ils ont développé au fil des siècles les activités de production et d’échange, faisant de Rouen le premier port de France. Le fleuve a connu des aménagements et tentatives d’aménagement successifs mais est resté relativement sauvage jusqu’au XXe siècle. Il a alors connu, accompagné et parfois subi le développement important de l’activité industrielle et de l’urbanisation, avec une accélération rapide au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

L’aménagement de l’Axe Seine répond ainsi à ces deux préoccupations très anciennes : 

  • sécuriser et de développer la navigation sur le fleuve, 
  • récupérer des terres, hier à vocation agricole, aujourd’hui pour accueillir de nouvelles activités économiques.

La taille croissante des navires sur la Seine a ainsi provoqué des travaux d’envergure : en 1850, le tirant d’eau pour remonter jusqu’à Rouen était de l’ordre de 3 mètres, une trentaine d’années plus tard à 7 mètres et aujourd’hui, les derniers chantiers ont permis de dépasser les 10 mètres.

© Jérôme Lallierr

Depuis les années 1970, la prise de conscience des enjeux environnementaux a imposé de faire des choix, entre développement économique et préservation de l‘environnement pour prévenir de potentiels conflits d’usage :

Au Havre, le Schéma de Développement du Port et de la Nature vise à concilier les enjeux environnementaux et socio-économiques pour mettre en œuvre une stratégie partagée. Lors du premier grand débat public (1997) en vue de la création de Port 2000, il est apparu nécessaire de faire appel à des scientifiques indépendants pour porter un regard extérieur neutre, qui s’est progressivement transformé en Conseil scientifique de Port 2000, puis en Conseil scientifique de l’estuaire de la Seine.

À Paris, le Premier ministre Georges Pompidou inaugurait en décembre 1967 la « voie express rive droite », symbole de la politique du « tout-voiture » des Trente Glorieuses. Cinquante ans plus tard, Bertrand Delanoë a voulu inverser cette tendance jusqu’à rendre les berges de Seine à des circulations plus douces et lancer la reconquête des berges de Seine, non sans provoquer de vifs débats ! Aujourd’hui, les Franciliens reprennent conscience de l’importance du fleuve et de son débouché maritime et l’appel à projet « Réinventer la Seine » a rencontré un grand succès. 

Les prochaines étapes se dessinent déjà : rendre le fleuve à la baignade en ville, ses berges à la promenade de la capitale à l’estuaire, rétablir et préserver la biodiversité, tout en favorisant la relocalisation d’activités de production et l’usage du fleuve comme moyen de transport plus lent, mais ô combien moins polluant.