Comment transporter plus de marchandises sur la Seine, sans alourdir le bilan carbone ? C’est le sens d’une note rapide publiée le 1er juillet 2024 par l’Institut Paris région, rédigée par Antoine Beyer, Olivier Burel (VNF), Juliette Duszynski (VNF) et Thomas Hemmerdinge. La décarbonation de la flotte fluviale est cruciale pour atteindre l’objectif Zéro Émission Nette (ZEN) en 2050. Voies navigables de France (VNF) et divers partenaires promeuvent des solutions alternatives au diesel, telles que la motorisation électrique, le gaz naturel et les carburants de synthèse. Une cartographie interrégionale montre les besoins et les ressources nécessaires pour installer des stations multi-énergies.
Le bassin de la Seine, représentant une part importante du trafic fluvial national, a évité 220 700 tonnes de CO2 en 2023. Malgré cela, la majorité des bateaux utilisent encore des moteurs diesel. Pour y remédier, le schéma AviCaF, et d’autres initiatives comme le Plan national d’aides à la modernisation et à l’innovation (PAMI) et « Vert le fluvial » visent à réduire les émissions de 90 % d’ici 2050.
La transition comprend deux phases : une première phase (2023-2035) utilisant des biocarburants, suivie d’une deuxième phase (2035-2050) où la motorisation électrique prendra le relais. Des bornes de recharge et d’approvisionnement en électricité et eau seront installées pour réduire les émissions en stationnement.
Les ports joueront un rôle clé dans cette transition, facilitant l’implantation de stations multi-énergies. Haropa Port a déjà initié des projets avec des grands énergéticiens : « le déploiement de stations multi-énergies (GNL, GNV et hydrogène) dans les ports franciliens a été lancé en 2021. Cinq projets ont été retenus, avec la mise à disposition de terrains de 3 000 à 20 000 m². L’offre d’Engie a été sélectionnée dans les ports de Gennevilliers et de Limay-Porcheville. Le groupe H2O s’est vu confier les projets de Bruyères-sur-Oise, de Bonneuil et de Montereau-Fault-Yonne », rappellent les auteurs. Avant de souligner que ces « besoins de transformation de la flotte fluviale peuvent également alimenter les réflexions nationales et territoriales en matière de réindustrialisation au travers de secteurs tels que la construction/réparation de bateaux ».